Contrôle des chômeurs : «Nous avons voté contre ce décret», assure la CFDT
Pour Marylise Léon, numéro 2 de la CFDT, ce durcissement des contrôles «revient à considérer que les personnes ne veulent pas travailler». IP3 PRESS/MAXPPP.
Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT, explique que son organisation est montée au créneau contre le décret qui renforce le contrôle des chômeurs.
Il a été publié au dernier moment en 2018, le 30 décembre, pour pouvoir être applicable cette année. Le décret qui durcit le contrôle des chômeurs fait polémique en ce début de nouvelle année. Mais le contenu n’est pas une surprise : les syndicats ont eu entre les mains début décembre le texte, qui précise en réalité un texte de loi débattu à l’Assemblée au printemps dernier. Dans un entretien, Marylise Léon, secrétaire nationale, n°2 de la CFDT, explique la position de son syndicat.
Que pensez-vous de cette réforme du contrôle des chômeurs, précisée dans un décret d’application publié le 30 décembre ?
MARYLISE LÉON. Cela scelle dans le marbre l’objectif politique du gouvernement. On assiste à une restriction des droits de chômeurs. La CFDT a fait entendre dès le départ son désaccord et nous avons voté contre ce décret lors de sa présentation début décembre. Ce texte ne va rien améliorer en matière d’emploi dans notre pays. On ne lutte pas contre le chômage en durcissant les contrôles ! D’autre part, cela revient à considérer que les personnes ne veulent pas travailler. Enfin, confier à Pôle emploi l’accompagnement et la sanction des chômeurs (NDLR : Pôle emploi pourra radier purement et simplement les chômeurs en lieu et place du préfet), cela pose d’emblée un problème de confiance avec la personne que l’institution est censée encadrer !
Vous étiez au courant du contenu précis de la réforme. Pourquoi ne pas être monté au créneau plus tôt ?
Nous avons mobilisé la rue et mené la bataille depuis des mois… Ce décret ne fait que préciser le texte de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » débattu à l’Assemblée en 2018. Dans le même temps, les négociations se poursuivent avec le gouvernement et les organisations patronales jusqu’en février 2019 dans le cadre de la réforme de l’assurance-chômage. Il va notamment être question de la manière dont les entreprises luttent contre les contrats courts.
Le contrôle réalisé par Pôle emploi se fera avec un « journal de bord numérique » écrit par les chômeurs. Qu’en pensez-vous ?
C’est d’abord une expérience qui doit débuter cette année dans certaines régions. Pour certains, cela facilitera les déclarations. Mais n’oublions pas les autres, plus de la moitié des chômeurs, qui n’ont pas accès au numérique. Posséder un ordinateur, cela représente un coût. Il ne faut pas ajouter une difficulté supplémentaire à la situation déjà difficile de non-emploi. Ce journal de bord ne peut donc pas être le seul moyen d’établir le contact avec Pôle emploi.
leparisien.fr
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ASSURANCE CHÔMAGE
Les demandeurs d’emploi ont besoin d’être mieux accompagnés, pas plus contrôlés ou sanctionnés !
DÉCLARATION DE
Marylise LÉON, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE ADJOINTE DE LA CFDT
Le 03 janvier 2019
La loi du 5 septembre « Liberté de choisir son avenir professionnel » modifie substantiellement les sanctions des demandeurs d’emploi et leurs obligations. Ces mesures viennent d’être précisées par décret publié au Journal Officiel le 30 décembre 2018.
Ce décret acte le transfert des compétences des préfets pour la définition des sanctions des demandeurs d’emploi à Pôle Emploi. Alors que le gouvernement a demandé en parallèle le doublement des équipes dédiées au contrôle de la recherche d’emploi, la CFDT réaffirme que la mission première de Pôle Emploi doit demeurer l’accompagnement de qualité des demandeurs d’emploi.
De plus, le gouvernement a choisi de durcir les sanctions des demandeurs d’emploi qui manqueraient à leurs obligations de recherche d’emploi en rendant systématique la suppression de leur allocation chômage quand ils sont indemnisés. La CFDT a toujours été en accord avec le principe des « droits et devoirs » des demandeurs d’emploi. Mais pour la CFDT, le durcissement de certaines sanctions est injuste et intervient dans un contexte de suspicion vis-à-vis des demandeurs d’emploi, qui profiteraient de règles d’assurance chômage trop généreuses.
La lutte contre le chômage doit d’abord passer par des propositions d’offres d’emploi de qualité. Les entreprises doivent donc prendre leur part de responsabilité en améliorant les conditions de travail et d’emploi. C’est ce qu’attend la CFDT pour la prochaine séance de négociation sur l’assurance chômage du 9 janvier prochain.
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