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CFDT Crédit Agricole Languedoc

Le burn-out, «un défi social auquel nous devons répondre»

26 Mai 2015, 23:03pm

Publié par CFDT CA Languedoc

Le burn-out, «un défi social auquel nous devons répondre»

Benoît Hamon explique à «Libération» pourquoi il défend la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle.

 

Les médecins du travail sont nombreux à en témoigner : la souffrance psychique au travail explose. Député socialiste des Yvelines, Benoît Hamon souhaite que la loi reconnaisse le burn-out comme maladie professionnelle.

Comment en est-on arrivé là ?

Si ces phénomènes apparaissent avec tant de force aujourd’hui, c’est parce qu’ils sont à la croisée de plusieurs bouleversements : l’irruption des nouvelles technologies, la prise de pouvoir des actionnaires et les exigences court-termistes qui en découlent. Désormais, les salariés sont principalement jugés à l’aune de leur contribution à la performance globale. Cela touche les cadres, mais par ruissellement tous les salariés sont concernés. Ces nouvelles conditions de travail épuisent et parfois broient des milliers de salariés. Le burn-out est un défi social auquel nous devons répondre.

Selon vous, il est donc urgent de renforcer la protection des salariés…

Il est normal de demander aux entreprises de s’adapter, d’être plus réactives et innovantes. Mais on ne peut pas encourager ces changements sans se préoccuper de l’impact sur la santé des salariés. Il en va de la responsabilité de la gauche d’adapter les protections aux nouvelles menaces. Sur le plan politique, c’est même une exigence naturelle. Elle s’inscrit dans la grande histoire des conquêtes sociales, de l’interdiction du travail des enfants à la réduction du temps de travail, en passant par la représentation des salariés. C’est aussi une nécessité économique. Aujourd’hui, cela coûte plus cher de soigner ces pathologies que de les prévenir. C’est pourquoi j’ai déposé trois amendements au projet de loi sur le dialogue social en faveur de la reconnaissance professionnelle du burn-out.

Reste que le burn-out est encore mal renseigné, les experts n’ayant pas réussi à se mettre d’accord sur une définition. Dès lors, sa reconnaissance n’est-elle pas compromise ?

Le burn-out est un mot un peu valise pour traduire plusieurs affections psychiques, mais au bout du compte il réunit des pathologies liées principalement au travail. Il est vrai que la question est complexe, mais il faut avancer sur cette définition sur laquelle patronat et syndicats ne parviennent pas à s’entendre. Je vais donc demander un rapport sur la reconnaissance du burn-out au tableau des maladies professionnelles. Cela permettra d’enclencher une réflexion globale sur la prise en charge des maladies professionnelles en France.

Ne faudrait-il pas s’attaquer d’abord aux modes d’organisation du travail pathogènes ?

C’est en effet nécessaire, et la reconnaissance du burn-out est un moyen de le faire. Reconnaître la cause professionnelle de ce mal, c’est obliger les entreprises à payer pour les dégâts qu’elles engendrent sur la santé des salariés. Le coût sera dissuasif. Pour l’éviter, les employeurs seront incités à revoir leur management. En parallèle, il faut avancer sur l’intégration des questions liées à l’organisation du travail dans les obligations de négociation sociale des entreprises.

Cela ne va pas dans le sens du projet de loi du ministre du Travail, François Rebsamen, dont le but est de simplifier le dialogue social…

Certaines dispositions du code du travail, il est vrai, sont désuètes. Mais il faut simplifier sans rendre plus vulnérables les salariés. Aujourd’hui, il est dans l’air du temps de rendre la protection des employés responsable du chômage. Avec l’idée qu’il suffirait de baisser leurs droits pour relancer les embauches. C’est une fable, une formule magique des libéraux et du patronat d’ailleurs contredite dans les faits. En Allemagne, par exemple, où les salariés sont plus protégés, le chômage est trois points en dessous de la France. Et puis, plus les salariés sont protégés, plus ils sont en confiance et productifs.

Que dire du reste du texte de Rebsamen ?

Il y a des progrès, sur la généralisation du dialogue social notamment. Le ministre a pris le sujet au sérieux. C’est le premier véritable texte du gouvernement sur le travail, un sujet peu traité jusqu’alors, sauf par le ministre de l’Economie. Or le projet de loi pour la croissance d’Emmanuel Macron, avec ses articles sur le travail du dimanche, les licenciements ou encore les dérogations aux accords collectifs et le recul des seuils sociaux, est plutôt dans une logique de dérégulation. C’est bien que le ministre du Travail reprenne la main. Il est urgent de rééquilibrer notre action pour les entreprises, un peu moins en faveur des actionnaires, un peu plus en faveur des salariés.

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